DrogueLes écoles ont perdu le contrôle | |
Sébastien Ménard Le Journal de Montréal 23/09/2009 04h59 |
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Dépassées par l'ampleur de la consommation de drogue qui débute maintenant dès le primaire, «de plus en plus» d'écoles privées et de commissions scolaires ont recours à des chiens renifleurs pour pincer les élèves qui vendent ou qui consomment des substances illicites.
Une enquête menée par la journaliste Sophie Bélanger, et qui sera diffusée sur Canal Vie, dresse un sombre portrait de la consommation de drogue dans les établissements d'enseignement de la province. |
«Il y a de la drogue dans toutes les écoles au Québec», affirme sans détour Jean-Sébastien Fallu, de l'Université de Montréal.
Des jeunes rencontrés dans le cadre de ce documentaire sont tout aussi affirmatifs.
«En cinq minutes, on peut aller vous en chercher comme vous voulez», lance un ado rencontré sur le terrain d'une polyvalente.
«C'est rendu tellement banal que le monde ne se rend plus compte que c'est illégal, ajoute un élève. Un de mes amis a fumé [un joint] dans le vestiaire de la piscine», raconte-t-il.
Dès le primaire
Au Québec, un tiers des jeunes du secondaire ont consommé de la drogue au cours de la dernière année. Mais ce fléau touche désormais les élèves du primaire, selon la professeure Myriam Laventure, de l'Université de Sherbrooke.
L'experte avance que 2 % des élèves de 6e année en ont déjà consommé. Cette proportion grimpe à 11 % chez les jeunes qui ont des troubles de comportement. «Ils y ont accès par des amis plus vieux, par des frères plus vieux, par des soeurs plus vieilles ou par des parents», dit-elle.
Pour faire face à la situation, un nombre croissant d'écoles ont recours aux services de chiens pisteurs, afin de débusquer les élèves qui dissimulent de la drogue.
Ce phénomène, qui a déjà fait l'objet d'un reportage du Journal en avril 2008, gagne en popularité, selon l'enquête.
Plus de drogue synthétique
Le conseiller canin André Bernier compte plusieurs écoles parmi ses clients. Il patrouille régulièrement des rangées de casiers avec son chien Tim, à la recherche de substances illégales. La bête est capable de détecter «de la marijuana, du hasch, des champignons magiques, de l'ecstasy, du GHB, du PCP, du crack, de l'héroïne, de la cocaïne et aussi des armes à feu, dit M. Bernier. Mais de ce temps-ci, on voit [plus de] drogues synthétiques.»
Le directeur général de l'Académie Lafontaine, une école privée, confirme que son institution a eu recours aux services d'un chien pisteur. «On ne se met pas la tête dans le sable, dit Claude Potvin. On se dit que ça se passe probablement chez nous aussi.»
Un autre directeur, qui a requis l'anonymat, avoue que le chien renifleur lui a permis de saisir l'ampleur du problème dans son établissement. «Au début, le chien pouvait s'arrêter [devant] une case sur deux, une case sur trois», dit-il. Mais la situation s'est améliorée depuis.
Cette approche est néanmoins critiquée par plusieurs observateurs. «Ce n'est pas du tout une façon de développer un lien de confiance, dit Jean-Sébastien Fallu. Ce n'est pas ce qui va sortir la drogue de l'école», tranche-t-il.
La série documentaire La drogue à l'école sera diffusée sur les ondes de Canal Vie à 20 heures les mardis 29 septembre, 6 et 13 octobre.
LES JEUNES QUÉBÉCOIS ET LA DROGUE
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